Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Au fil des jours et des menus plaisirs
3 mai 2014

Quand la journée ...

... est grise et que la pluie

empêche la promenade,

regarder les photos de la semaine

d'avant est une solution

pour garder le moral.

Pour aller chercher du thé, chez Mariages Fr.

dont un "Impressioniste" ...

001

... un petit détour dans ce jardin était de mise.

002

Quand j'étais enfant, ma chère Aurore, j'étais très tourmentée de ne pouvoir saisir ce que les fleurs se disaient entre elles. Mon professeur de botanique m'assurait qu'elles ne disaient rien ; soit qu'il fût sourd, soit qu'il ne voulût pas me dire la vérité, il jurait qu'elles ne disaient rien du tout.

003 

Je savais bien le contraire. Je les entendais babiller confusément, surtout à la rosée du soir ; mais elles parlaient trop bas pour que je pusse distinguer leurs paroles ; et puis elles étaient méfiantes, et, quand je passais près des plates-bandes du jardin ou sur le sentier du pré, elles s'avertissaient par une espèce de psitt, qui courait de l'une à l'autre. C'était comme si l'on eût dit sur toute la ligne : «Attention, taisons-nous ! voilà l'enfant curieux qui nous écoute».

004

Je m'y obstinai. Je m'exerçai à marcher si doucement, sans frôler le plus petit brin d'herbe, qu'elles ne m'entendirent plus et que je pus m'avancer tout près, tout près ; alors, en me baissant sous l'ombre des arbres pour qu'elles ne vissent pas la mienne, je saisis enfin des paroles articulées.

005

Il fallait beaucoup d'attention ; c'était de si petites voix, si douces, si fines, que la moindre brise les emportait et que le bourdonnement des sphinx et des noctuelles les couvrait absolument.

007

Je ne sais pas quelle langue elles parlaient. Ce n'était ni le français, ni le latin qu'on m'apprenait alors ; mais il se trouva que je comprenais fort bien. Il me sembla même que je comprenais mieux ce langage que tout ce que j'avais entendu jusqu'alors.

008

Un soir, je réussis à me coucher sur le sable et à ne plus rien perdre de ce qui se disait auprès de moi dans un coin bien abrité du parterre. Comme tout le monde parlait dans tout le jardin, il ne fallait pas s'amuser à vouloir surprendre plus d'un secret en une fois. Je me tins donc là bien tranquille, et voici ce que j'entendis dans les coquelicots :

009

- Mesdames et messieurs, il est temps d'en finir avec cette platitude. Toutes les plantes sont également nobles ; notre famille ne le cède à aucune autre, et, accepte qui voudra la royauté de la rose, je déclare que j'en ai assez et que je ne reconnais à personne le droit de se dire mieux né et plus titré que moi.

010

A quoi les marguerites répondirent toutes ensemble que l'orateur coquelicot avait raison. Une d'elles, qui était plus grande que les autres et fort belle, demanda la parole et dit :

011

- Je n'ai jamais compris les grands airs que prend la famille des roses. En quoi, je vous le demande, une rose est-elle plus jolie et mieux faite que moi ? La nature et l'art se sont entendus pour multiplier le nombre de nos pétales et l'éclat de nos couleurs. Nous sommes même beaucoup plus riches, car la plus belle rose n'a guère plus de deux cents pétales et nous en avons jusqu'à cinq cents. Quant aux couleurs, nous avons le violet et presque le bleu pur que la rose ne trouvera jamais.

013

- Moi, dit un grand pied d'alouette vivace, moi le prince Delphinium, j'ai l'azur des cieux dans ma corolle, et mes nombreux parents ont toutes les nuances du rose. La prétendue reine des fleurs a donc beaucoup à nous envier, et, quant à son parfum si vanté...

014

- Ne parlez pas de cela, reprit vivement le coquelicot. Les hâbleries du parfum me portent sur les nerfs. Qu'est-ce, je vous prie, que le parfum ? Une convention établie par les jardiniers et les papillons. Moi, je trouve que la rose sent mauvais et que c'est moi qui embaume.

015

- Nous ne sentons rien, dit la marguerite, et je crois que par là nous faisons preuve de tenue et de bon goût. Les odeurs sont des indiscrétions ou des vanteries. Une plante qui se respecte ne s'annonce point par des émanations. Sa beauté doit lui suffire.

lilas blancs

- Je ne suis pas de votre avis, s'écria un gros pavot qui sentait très fort. Les odeurs annoncent l'esprit et la santé.

025

Les rires couvrirent la voix du gros pavot. Les oeillets s'en tenaient les côtes et les résédas se pâmaient. Mais, au lieu de se fâcher, il se remit à critiquer la forme et la couleur de la rose qui ne pouvait répondre ; tous les rosiers venaient d'être taillés et les pousses remontantes n'avaient encore que de petits boutons bien serrés dans leurs langes verts. Une pensée fort richement vêtue critiqua amèrement les fleurs doubles, et, comme celles-ci étaient en majorité dans le parterre, on commença à se fâcher. Mais il y avait tant de jalousie contre la rose, qu'on se réconcilia pour la railler et la dénigrer. La pensée eut même du succès quand elle compara la rose à un gros chou pommé, donnant la préférence à celui-ci à cause de sa taille et de son utilité. Les sottises que j'entendais m'exaspérèrent et, tout à coup, parlant leur langue :

026

- Taisez-vous, m'écriai-je en donnant un coup de pied à ces sottes fleurs. Vous ne dites rien qui vaille. Moi qui m'imaginais entendre ici des merveilles de poésie, quelle déception vous me causez avec vos rivalités, vos vanités et votre basse envie !

027 

Il se fit un profond silence et je sortis du parterre.

- Voyons donc, me disais-je, si les plantes rustiques ont plus de bon sens que ces péronnelles cultivées, qui en recevant de nous une beauté d'emprunt, semblent avoir pris nos préjugés et nos travers.

028

Je me glissai dans l'ombre de la haie touffue, me dirigeant vers la prairie ; je voulais savoir si les spirées qu'on appelle reine des prés avaient aussi de l'orgueil et de l'envie. Mais je m'arrêtai auprès d'un grand églantier dont toutes les fleurs parlaient ensemble.

029 

- Tâchons de savoir, pensai-je, si la rose sauvage dénigre la rose à cent feuilles et méprise la rose pompon.

030

Il faut vous dire que, dans mon enfance, on n'avait pas créé toutes ces variétés de roses que les jardiniers savants ont réussi à produire depuis, par la greffe et les semis. La nature n'en était pas plus pauvre pour cela. 

030

Vous avez reconnu de texte de George Sand, n'est-ce-pas ?

lilas mauves

Aussi, je ne vais pas vous l'infliger en entier.

Si vous voulez, vous lirez la suite dans "Ce que disent les fleurs."

lilas 

Si j'avais su mettre la musique vous auriez eu droit à l'Air des clochettes

par Nathalie Dessay.

Chanté par elle, c'est divin !

Mais vous pouvez l'entendre sur Youtube.

anniblog1

 

C'est l'Anniblog de Miss Gléni et elle fait un jeu.

Alors, vite, allez lui faire la fête !

La pluie continue à tomber, je vous ai tenue compagnie, mais

tout à une fin et j'espère qu'il fera beau

demain !

012

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Quelle belle saison qui nous comble de fleurs!
Répondre
N
quelle merveille cette bougainvillée ! et merci pour ce beau texte de Georges Sand !<br /> <br /> bisous
Répondre
C
je n'avais pas reconnu je en connaissais pas mais c'est très beau surtout accompagné de tes si belles photos<br /> <br /> un billet fleuri magnifique !!!<br /> <br /> gros bisous<br /> <br /> patricia
Répondre
O
Bonsoir, magnifique illustration de ce texte remarquable ! Les scientifiques ont récemment prouvé le style de communications des végétaux entre eux ..; comme quoi il n'est parfois pas besoin de mots tels que nous les entendons pour se confier des secrets ! Faisons confiance aux fleurs qui inter-agissent avec les éléments pour nous offrir le meilleur d'elles-mêmes. Bonne fin de ce dimanche ensoleillé.
Répondre
M
un billet plein de douceur ,avec de sublimes photos,merci ,bon dimanche bisous
Répondre
Newsletter
Publicité
Au fil des jours et des menus plaisirs
Au fil des jours et des menus plaisirs

Déco de tables et autres occupations féminines
Voir le profil de Crisitane sur le portail Canalblog

Derniers commentaires
Archives
Au fil des jours et des menus plaisirs
Visiteurs
Depuis la création 283 596
Crisitane et le scrap
Au fil des jours et des menus plaisirs
Publicité