Livres
Patrick Modiano
est un auteur que j'aime beaucoup.
Je viens de lire, coup sur coup,
deux de ses livres.
J'en avais emporté un à Bordeaux,
pour le train.
Son écriture a le ton de la nostalgie, des souvenirs. Il me parle d'un Paris ancien et récent.
C'est surtout la dernière journée qui demeure dans ma mémoire, malgré les détails dont je ne retrouve pas la chronologie exacte. Sans doute parce que nous sommes restés dans la même zone, un périmètre assez étroit à l'est de Paris : Saint Maurice, le bois de Vincennes, la Porte Dorée ... Elle marque une cassure dans ma vie, cette journée passée pour la dernière fois avec Rose-Marie et la petite ... Après, je suis entré dans ce qu'il faut bien appeler l'âge adulte.
Je me sens comme exilée dans un lointain pays,
heureuse qu'on vienne me parler d'une vie que j'aurais vécue et presque oubliée,
me promenant, à la suite de l'auteur, dans les rues connues et autrefois empruntées.
32, rue des Favorites. Cinq étages. Il restait là, sur le trottoir opposé, à contempler la façade. Il ne risqait pas d'attirer l'attention des passants. Un samedi après-midi. La rue était déserte. Dans une autre vie et un autre siècle, à quel étage était montée Margaret avec le petit Peter pour le confier à la dénommée Suzanne Kraay ? Chaque étage comptait cinq fenêtres, et celles du milieu de la façade était en saillie, au dessus de la porte d'entrée. Des balcons, des terrasses, une corniche au cinquième étage.
.../
Une femme, d'une trentaine d'années. Elle semblait ne pas comprendre. Elle le fixait d'un oeil soupçonneux. Il lui épela le nom. Elle eut un mouvement négatif de la tête. Puis elle referma la porte de sa loge.
Il s'y attendait, mais cela n'avait aucune importance. Dehors, il demeura encore quelques instants devant la façade. Du soleil. La rue était silencieuse. Il avait la certitude, à ces instants-là, qu'il suffisait de rester immobile sur le trottoir et l'on franchissait doucement un mur invisible. Et pourtant, on était toujours à la même place. La rue serait encore plus silencieuse et plus ensoleillée. Ce qui avait lieu une fois se répétait à l'infini. De là-bas, de bout de la rue, Margaret s'avançait vers lui et l'immeuble du 32, tenant à la main le petit Peter le même, comme elle disait.
Je viens de commencer ...
Paris de ma fenêtre
de Colette.
Femmes et hommes, le matin, se hâtent, qui vers leur travail, qui vers le problématique approvisionnement. Il est tellement nuit, il est si peu matin, quand tintent à la Bibliothèque nationale les six coups officiels de 4 heures, qu'à tout moment jaillit dans la nuit le petit phare d'une lampe de poche. "Mais puisque vous regagnez l'après-midi ce qui manque à la matinée ..." C'est entendu, mais il fait plus froid à 4 heures du matin qu'à 6. Les premières heures ouvrables sont noires. Et tous les êtres qui tendent vers l'hivernage, secouent avec peine leur engourdissement d'avant l'aube.
L'homme subit la nuit comme une plante. Tous les oiseaux ne sont pas matineux. On sait qu'il y a des fleurs de qui l'épanouissement est nocturne. Le blanc lys des sables, entre minuit et 3 heures du matin, devient méconnaissable à force de s'ouvrir, de roidir en griffes ses étamines, de jeter autour de lui ses rets de parfum. L'espèce humaine aussi abonde en noctambules à qui le plaisir conseille de retarder leur coucher, mais nul instinct ne les incite à quitter leur lit en pleine nuit. L'effort quotidien que demande aux travailleurs des deux sexes l'heure de super-été est considérable. Espérons qu'il ne durera pas tout l'hiver.
Palais Royal où Colette a habité longtemps.
Déjà l'heure d'hiver posait problème.
Nous sommes en 1940.
Et bien sûr, pas de lecture ...
... sans une petite tasse de thé.
Le plaisir, ici, est doublé par un petit gâteau.
Pas tous les jours, bien évidemment.
Ce mille-feuilles, conseillé par Catherine ...
... vaut le détour.
C'est le meilleur depuis longtemps.
Je vous souhaite autant de plaisir, aujourd'hui.
A demain !